RIVAGE(S)
TENTATIVE DE JEUX ET DE RÉFLEXIONS COLLECTIVE SUR LA NOTION DE DISPARITION MENÉE PAR LE UN
" Sur l’ensemble de la planète, environ 70% des rivages sableux sont soumis à l’érosion des agents météorologiques et marins. Selon les récents rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) le changement climatique pourrait, d’ici la décennie 2090-2099, se manifester par une élévation de 0,18 à 0,59 m du niveau moyen de la mer par rapport à la période de référence 1980-1999. Il devrait en résulter une accentuation de l’érosion des plages. Les menaces qui pèsent sur la faune et sur la flore sauvages sont, à l’heure actuelle, plus sérieuses que jamais. De nombreuses espèces animales ou végétales diminuent d’une manière inquiétante et risquent d’allonger rapidement la triste liste de celles que l’homme a exterminées dans le passé. Parmi les mammifères, trente-six espèces ont disparu à tout jamais et cent vingt sont actuellement en voie de disparition avancée. Parmi les oiseaux, quatre-vingt-quatorze espèces sont éteintes et cent quatre-vingt-sept sont en danger d’extinction. Il ne faut pas oublier « les humbles et les sans-grade » du monde animal et végétal qui ont pâti dans des proportions comparables, et dont certains ont sans aucun doute disparu avant même d’être connus des scientifiques.
“La reconnaissance qu’il existe de plein droit une pluralité et peut-etre une infinité de points de vues possibles sur le monde, chacun autorisant une version correcte de celui-ci, pourrait sembler ainsi donner a une approche pluraliste des manières d’aborder le monde, toute sa légitimité, sans pour autant mettre en cause l’unité dernière du monde, en tant qu’objet saisi selon ces points de vues, ces perspectives irréductiblement distinctes“ - Pierre-André Huglo - Remarques sur Manières de faire des mondes de Nelson Goodman Nous vivons l’effondrement d’un monde et d’un mode de vie.
De l’érosion du paysage à la disparition d’une faune animale, d’une remise en cause des acquis sociaux à l’interdiction de penser autrement, du sur-profit actionnarial aux diminutions de salaires, de l’interdiction de se déplacer à la noyade programmée, l’intelligence ne sera plus qu’artificielle, et le vrai continuera d’être un moment du faux… La disparition du vivant n’est plus une question de siècle mais celle d’une génération. L’urgence sonne à notre porte. Pour y répondre, nous éviterons de tomber dans les bras grands ouverts de la réaction qui prône le c’était mieux avant ou de s’enfermer pour mieux survivre. Il nous faut réinventer en permanence la possibilité d’une alternative. Réinventer un rapport au monde dans lequel nous vivons. C'est une tâche à laquelle Le UN s'active par son fonctionnement horizontal et non hiérarchique, par son engagement dans la réalisation artistique autant que dans l'organisation sociale de l'ensemble. Le UN, grand ensemble de 25 improvisateurs et improvisatrices, se considère lui-même comme un éco-système. En ce sens, celui-ci, entretient dans le contexte dans lequel il agit, une interaction et un échange obstinés entre ce qui l'alimente et ce qui l'anime. Cette persistante transformation engendre une fabrique organique singulière des intentions artistiques au sein d'un orchestre dont la pratique est protéiforme. De cet anthrosol, les différentes strates qui nous constituent, agissent comme une mémoire en devenir, une quête instinctive dont le sujet futur n'est autre que sa racine. Notre démarche d’improvisation joue sur l’oralité et l’éphémère, l’instant disparu aussitôt créé... Nous sommes en quelques sortes l'humus de notre propre pratique. Il s'agit donc d'interroger nos relations à des contextes, d'inventer des situations à explorer, et par là même ré-inventer une exploration de nous-même. Sorte d'abîme de nos pratiques et du monde qui nous entoure.